PLATEFORME-MAROLLES « Fiesta -142 ans du Vieux Marché »
Manu Brocante: Une bagarre éternelle contre la ville ! On veut protéger notre quartier, on y tient. Je pense que certains échevins ont bien dû rigoler quand ils ont entendu l'idée de s'attaquer aux Marolles.
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Manu Brocante face au café La Brocante |
Manu Brocante: Mon chasuble, je ne le quitte plus depuis le début de la bataille. J'aurais bien dit que je dors avec, mais ce serait mentir ! Je le pose sur la chaise du salon. Ça me permet tout en suivant mon JT de jeter un oeil sur mon « no parking dans le Pentagone ».
C'est un peu surprenant non que la ville ait pu avoir le projet d'un parking souterrain à la place du Jeu de Balle ?
Pierre Wegnez: Oui c'est effectivement une vision tout-à-fait passéiste de la ville ! Ça ne correspond pas du tout aux besoins des gens qui vivent ici ou qui fréquentent ce quartier.
Manu Brocante: « No parking, no bling bling et no lifting ! » On n'est pas d'accord de faire construire un parking sous la place du Jeu de Balle. Tout le monde est au courant qu'on a gagné le combat contre la ville. On est absolument contre le fait de mettre des parkings dans Bruxelles, uniquement pour faire vivre le centre ville, et donc en faire mourir les alentours.
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Manu Brocante, Pierre Wegnez et Nicky Luppens rue des Renards |
Pierre Wegnez: On s'est trouvés entre voisins, on a constitué la plateforme, lancé une pétition, organisé un festival fin novembre 2014, une manifestation pour aller remettre la pétition. On a déposé une demande de classement comme patrimoine à la Région pour la place du Jeu de Balle. C'est en cours d'examen. On a fait un recours au Conseil d'Etat avec les autres quartiers concernés par des projets de parking dans le Pentagone. On a montré qu'on était très mobilisés, très déterminés, qu'on n'allait pas lâcher l'affaire ! Pour finir, la ville a dit qu'elle ne construirait pas de parking ici place du Jeu de Balle. Maintenant ils ont un projet tout aussi foireux aux Brigittines...
Manu Brocante: ... à 300m de la place Rouppe où il y a aussi un parking de prévu !
Nicky Luppens: Chacun amène sa pierre, on construit un mur solide tous ensemble. On a prouvé qu'on pouvait arriver à quelque chose sans être agressifs. On a le droit de ne pas être d'accord et de le dire.
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Brusseleir, non peut-être? Un froecheleir fait des stuuts en stoemelings, il chipotte les femmes par exemple. Un stauterik est un méchant, un stroetloeper est une sorte de crapule des rues, comme pouvaient l'être Quick et Flupke. |
Nicky Luppens: Dans des bouquins du 19e, on parle comme c'était trash à cette époque-là... Je vais pas dire que c'était le Moyen-âge mais c'était pas triste, quoi ! C'est parti de là aussi que le quartier a eu une mauvaise réputation.
C'était pas triste, comment ?
Nicky Luppens: La pauvreté ! Les gens malheureux ! Je suppose que c'était pareil à Paris ou à Londres, dans les grandes villes...
Manu Brocante: ... Ce quartier-ci était exceptionnel, quand même ! Parce que dans les pires difficultés, y a personne qui est capable de mourir de faim, c'est impossible ! Ou faut vraiment faire la grêve de la faim, parce qu'il y a tellement une entraide dans le quartier ! Etrangers, nouveaux arrivants, tous les gens qui habitent le quartier sont impregnés par l'âme du quartier, qui est entre autres l'entraide.
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La Compagnie de la Casquette anime aussi les festivités (photo Mu Slancie) |
Manu Brocante: Dans les années 60, les politiques disaient que les gens du quartier étaient crasseux, sans moyens, alors qu'ils ont recyclé des choses vouées à la poubelle. Quelque part c'était déjà de l'écologie. En 1989 il y a eu la bataille de la Samaritaine. Ils voulaient expulser des gens pour construire je pense des batîments administratifs. Les gens ont carrément squatté la rue, avec les enfants, avec les mamans, avec des matelas au sol, ils ont dormi par terre pour bien dire « non, la rue nous appartient ». Mais bon j'étais jeune, je ne me sentais pas trop concerné. Il n'y a jamais eu grand chose de très grave dans le quartier, depuis. Aujourd'hui j'ai repris le flambeau de mes parents, tout simplement. C'est la 1ère fois de ma vie que je m'investis contre les politiques. J'ai bien l'intention de continuer à militer contre les quatre autres parkings prévus à 1000 Bruxelles parce qu'ils vont pourrir, tuer les alentours du centre ville. Et il en est hors de question ! Parce qu'il y a une vie dans chacun de ces quartiers-là, qu'il est interdit de détruire.
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Une pétition de plus de 23300 signatures a été remise en fanfare à la Ville |
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Les Rillettes de Belleville, parmi les nombreuses activités festives et participatives au programme de la semaine de célébration des 142 ans du Vieux Marché place du Jeu de Balle. (photo Mu Slancie) |
Ecoutez notre interview, avec en fond musical les Rillettes de Belleville:
© Lili Sygta 2015