jeudi 27 mars 2014

« L'effort qu'ils font pour revenir, c'est ça le plus beau »

Mario Fryns est colombophile à Heure-le-Romain.


« Soigner ses pigeons, les amener au local où ils seront acheminés à un endroit pour être lâchés. Le colombophile attend alors qu'ils reviennent... L'effort qu'ils font de revenir, c'est ça le plus beau ! D'un point de lâcher qu'ils ne connaissent pas, ils se retrouvent à la maison ! 

Si à une compétition il y a 1000 pigeons, tous sont lâchés ensemble, puis ils se dispersent pour retrouver leur colombier. Sur la distance, il y en a qui suivent un groupe et d'autres qui sont motivés pour rentrer, se détachent et deviennent les premiers. »





Et le pigeon qui revient en retard, saoul ?
Ils ont une chance ou deux, après si ça ne va pas...

Y en a pas qui traînent au café !?
Non, pas du tout... Ceux qui traînent au café sont à la casserole !

Le colombier est fermé quand ils reviennent ?
Il y a une fenêtre ouverte, ils se posent et sont constatés, et c'est l'heure d'arrivée qui compte. Ils savent rentrer mais pas ressortir.

Quand vous lâchez vos pigeons, combien de temps prennent-ils avant de revenir ?
Ça dépend du trajet, du vent, de la clarté. Brumeux on ne peut pas les lâcher parce qu'ils ne retrouvent pas leur chemin, ou difficilement. On commence à les lâcher à 60 km et ça va jusque 1075 km. On les amène au local, qui les achemine au point de départ. A une telle heure on les lâche. S'ils ont le vent avec eux, ils vont plus vite ; s'ils ont le vent contre eux, c'est plus lent. Avec des pigeonneaux on commence petit à petit, je vais les lâcher deux-trois fois puis ça part avec la société ; on augmente de 60-70 km à chaque fois.

Ils doivent absolument revenir ici ?
Oui, chez le colombophile. On calcule leur heure d'arrivée à la maison; des fois il y en a qui ne reviennent pas, ils se perdent.

A 1000 km, comment savent-ils le chemin, puisque qu'à l'aller ils sont dans des camions couverts ?
L'instinct ; on dirait qu'ils ont une boussole dans leur tête, oui c'est fou ! Ils ont un tout petit cerveau, mais plus malin que nous..

Quelle est leur motivation à revenir dans le colombier ?
Ça doit être l'amour du pigeonnier, de son odeur, parce que si je déplace le pigeonnier, ils vont aller dans le pigeonnier et pas là où il était. Pendant la guerre les colombophiles transportaient leurs pigeons d'un coin à l'autre en roulottes. Comme ils avançaient ou reculaient, ils prenaient des pigeons pour annoncer leur position et l'avancement du programme.

Et l'histoire du pigeon amoureux et de la femelle qui l'attend ?
C'est pour les motiver un peu, chez certains ça fonctionne. Il faut trouver ce qui leur plaît, mais ils sont fidèles.

Une alimentation spéciale ?
On donne des vitamines, on les soigne comme un sportif. Mais cortisone, non. Si je commence avec ça, j'arrête ! D'ailleurs on fait des prélèvements pour celui-là qui les drogue, hein !



La Belgique est connue mondialement pour la colombophilie, c'est d'ailleurs ici que se situe le siège de la Fédération Colombophile Internationale. Pourquoi la Belgique ?
Il me semble qu'il y a les meilleurs pigeons ici et on est des passionnés. Peut-être parce qu'on fait plus de recherches dans les croisements, on essaye d'améliorer. Les croisements c'est la clé. La qualité des pigeons, c'est le producteur qui la fait ; la passion c'est chercher, trouver meilleur qu'un autre !

Il y a 33 000 membres colombophiles (822 clubs) en Belgique, la moitié d'il y a dix ans. Comment expliquer ce recul ?
Les jeunes ne reprennent pas, ils sortent davantage ; nous on est à la maison à s'occuper de nos bêtes. Les jeunes c'est plus pour sortir et s'amuser. Y en a beaucoup qui prennent le football et tout ça ; la colombophilie revient cher !

Entre colombophiles, quels sont les sujets de conversation ?
(rires) On parle des races et tout ça. « Celui-ci a des bonnes souches, celui-là pas... ». On fait des ventes. Y a des sortes de pigeons qui vont plus vite et c'est par rapport à cela que l'on trie.

En lui donnant beaucoup d'amour, un pigeon un peu lent peut-il devenir un champion ?
Même le meilleur colombophile ne saurait dire s'il a de bons pigeons. Il doit trier par rapport aux constations qu'il fait. Ce ne serait pas agréable si on sait qu'une telle sorte n'aurait que des champions. On essaye d'avoir un meilleur que l'autre ! Les croisements entre races : soit ça va mieux, soit ça ne va pas.

Si on arrivait à en faire une science parfaite...
... ça n'irait plus !

Vous croisez telle race avec une autre pour voir ou tout a déjà été fait ?
Non, on essaye pour améliorer. Si ça ne va pas, on change de race. Si on en a une, on cherche encore une meilleure. Il faut des années pour être au top ! Il vaut mieux 2-3 bons que 15 mauvais. Y en a qui ont 500 pigeons, ça je ne veux pas. C'est le succès du pigeon qu'il faut trouver.

Interview et photos © Lili Sygta 2011





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